Il y a quelques années j’ai entrepris la pratique du Vipassana, je devrais plutôt dire l’expérience du Vipassana. C’est une technique de méditation qui est transmise en direct depuis la venue du Bouddha. Cette pratique est rigoureuse et malgré mes entrainements intensifs aux arts martiaux à certaines périodes, je n’ai jamais rencontré une telle exigence. Il peut paraître étrange pour certaines personnes que de simplement s’assoir et ¨de ne rien faire¨ peut devenir aussi difficile.

La rencontre avec soi, avec les subtilités de notre présence et les mécanismes de nos corps est loin d’être une partie de plaisir parfois; surtout quand nous devons traverser les voiles de nos conditionnements. Je n’entrerai pas dans les détails de la pratique de cette technique ici, cette introduction doit se faire dans des conditions spécifiques.

Ainsi, lors d’un de mes stages de dix jours je me suis retrouvé confronté à un seuil de douleur dans mon corps. Il y a parfois de ces moments où on a l’impression de bloquer et que toute notre attention est sollicitée par cet endroit dans notre corps qui devient intensément douloureux. À ce moment-là j’étais dans une phase de la pratique que nous appelons «ferme détermination» où nous devons maintenir l’immobilité la plus stricte possible pendant une heure particulière. Cette exigence permet justement de sonder et de traverser des zones d’inconfort qui autrement sont facilement dissipé en bougeant pour en sortir. Donc, durant cette heure d’immobilité stricte j’ai ressenti une intense douleur dans le dos, une douleur qui revenait assez souvent depuis les dernières années. À ce moment-là il m’était impossible de bouger si je voulais respecter la pratique de la technique.

J’ai donc dû entrer dans l’observation de cette intense douleur, de ne pas entrer dans l’interprétation mentale que c’était douloureux, demeurer équanime tant qu’à cette «sensation particulière». Pour vous donner une petite idée de l’intensité de la douleur que je ressentais; imaginez une lame d’un poignard de chasse qui est entré dans mon dos, que cette lame est chauffée à rouge et que quelqu’un la fait  tourner.

Et c’est à ce moment que je suis entré dans la structure atomique des énergies de mon corps. Ce fut une expérience puissante parce que pour la première fois j’étais témoin de la composition de ces énergies dans une observation consciente. Il m’était arrivé par le passé d’accéder à ces états par l’entremise du rêve éveillé ou de la sortie en astral, mais cette fois je pouvais l’observer et le ressentir consciemment.

Il y a différents niveaux d’énergies dans ces dimensions, cette fois-là j’ai vu l’espace vide qu’il y a entre les molécules d’énergies en mouvement. Elles se déplacent à une vitesse vertigineuse comme un vent de feu. Le fait de constater que notre présence corporelle contient davantage de vide que de matière et le fait de constater que cette supposé «matière» n’est en fait que de l’énergie en mouvement est une sorte de choc existentiel. Car si ma structure corporelle n’est en fait que de l’énergie qui circule sans arrêt, comment puis-je oser m’identifier à un corps qui n’a aucune stabilité ni permanence?

Cette expérience vient corroborer ce que les scientifiques affirment dans leur analyse de la structure de l’univers, que tout est atomes en mouvement. Elle me confirme aussi ce que les enseignements mystiques disent depuis des milliers d’années, que nous sommes de la même nature que la structure de l’univers, que nous sommes à l’image de la création.

Jean Boisvert